vendredi 19 novembre 2010

Nice jazzZz... 95 (2ème partie)

Neneh et son chéri nous le confirmeront d'une seule voix Man est "strictement composé de chansons, des ballades avec des cordes et des titres plus rock, mais pas trop de rap, ni de dance. J'ai toujours essayé de tourner la norme et le hip-hop est malheureusement devenu une musique vulgarisée. J'ai eu envie de m'en détacher, de revenir à des racines plus solides. Nous avons travaillé dans plusieurs villes Londres, Stockholm et Malaga, en Espagne, où nous sommes désormais installés, Cameron et moi. Après celui-ci, j'aimerais retourner très vite en studio pour enregistrer des titres tels que nous les jouons en live, des choses plus directes. Tricky avait commencé à collaborer avec nous, mais on a laissé tomber parce que son style est trop personnel, trop marqué. Son travail est exceptionnel, complètement fou, mais une telle présence risquait de créer la confusion, alors que ce nouvel album doit marquer un changement brutal d'attitude. J'ai tellement joué la carte de l'éclectisme jusqu'ici qu'on peut légitimement se demander où se situe ma vraie personnalité. Cette fois, nous voulions décider de tout à trois, quitte à laisser par la suite des gens de l'extérieur remixer à leur guise certains titres pour des maxis."
Des nouveaux titres, il n'y en aura qu'une poignée durant le concert, constitué en grande majorité des chansons de Homebrew. Pour avoir une idée approximative de ce qui nous attend en janvier, on appréciera le traitement infligé aux anciens titres, notamment cette version bouillonnante de Money love où Neneh Cherry tutoie sans la moindre gêne les sommets périlleux du rhythm'n'blues féminin façon late sixties. La voix, avantageusement maltraitée par une angine, improvise des envolées rocailleuses dont on ne la savait guère familière. En fermant les yeux, on croirait entendre une Aretha Franklin ou une Ann Peebles, qui ont sûrement foulé en leur temps des planches voisines. Juste derrière, sa reprise de Trouble man - issue d'un futur album en hommage à Marvin Gaye - aurait dû faire enfin se lever la foule. Malheureusement, comme Bordeaux et Lyon, Nice a l'humeur de pierre et l'assistance bcbg se fait même prier pour applaudir. Chacun ici est visiblement venu pour Youssou N'Dour et devait penser en arrivant que Neneh Cherry est le nom d'une marque de chocolats qu'on offre à Noël. Pendant le concert, une sexagénaire liftée au mortier aura, en se tournant vers sa fille, cette sentence définitive: "C'est vrai qu'elle a quelque chose de Cindy Lauper." Oui, oui, chère madame, un peu d'Isabelle Aubret aussi. Cameron, lui, masque son énervement en criant, gesticulant, applaudissant pour dix. Il reprend les chansons en chœur, lance de loin des private-jokes qui font sourire sa charmante épouse, brise un peu la glace dans le périmètre où nous nous trouvons. Le magnifique Feel it donne le ton des ballades du disque a venir : abyssales et sinueuses, avec des boucles qui rappellent évidemment Bristol, cette scène aujourd'hui tellement pillée - et éparpillée -, mais dont Cameron fut il y a six ans le principal artificier. Il serait d'ailleurs fort cocasse que Neneh Cherry, à la sortie de son disque, se fasse taxer d'opportunisme trip-hop, alors que son mari détient quasiment à lui seul les droits filiaux du genre. Autant reprocher à la femme de Landru d'allumer un feu. Pourtant, Man, le premier single prévu, fait irrésistiblement songer à Portishead avec lesquels, visiblement, la maison Cherry Bear - l'unité d'action du couple - partage les disquettes de samples. Mais si elle n en possède pas les mystères, Neneh Cherry apporte un supplément de glamour qui fait défaut à la chair triste de Beth Gibbons. 2/3

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