mardi 28 décembre 2010

Simone Veil (1988/2009)


Villa Masséna, le 30 octobre 2009. A 82 ans, Simone Veil est faite "Citoyenne d’Honneur" de la Ville de Nice.

Simone Veil dans "Le divan d'Henry Chapier", 18 juin 1988.

Portrait http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CPD05006480/simone-veil-1ere-partie.fr.html

Avant la déportation
Enfance très heureuse, entourée d'amour que ma mère me donnait, on me disait gâtée, chouchou des professeurs, frondeuse mais pas violente, contestataire surtout avec mon père que je trouvais autoritariste, parents tous les deux parisiens, née à Nice parce que mon père architecte était descendu pour raisons professionnelles dans le Midi.

La crise de 1929 a marqué mes souvenirs d'enfance, nous avons déménagé et mes parents ont changé de mode de vie, l'appartement donnait sur le jardin d'un horticulteur et je n'avais pas le même sentiment que mes parents sur le changement, ils avaient de sérieux principes, on ne parlait pas politique devant les enfants mais en 1936 ma mère était plus ouverte et sympathisante envers le Front populaire que mon père.

Très grande éducation morale dans la forme et sur le fond, vis à vis des autres, sur le mensonge... Pas d'éducation religieuse bien que j'y ai été initiée par le scoutisme, les éclaireurs, les sections dites neutres c’est-à-dire non religieuses, maman était très investie dedans.

J'ai eu peur dès 1937-1938, j'avais de la famille impressionnée par la guerre d'Espagne, guerre imminente, Munich m'a beaucoup marqué, la lâcheté des gouvernements m'a donné très peur, l'antisémitisme n'avait pas attendu les événements de la guerre, au jardin d'enfant de Nice déjà (…), en classe aussi plus tard en 1934 puis en 1937-38 les réfugiés venant d'Autriche et d'Allemagne, j'ai d'ailleurs connu la petite fille de Freud réfugiée à Nice.

Partir ? L'Italie pays fasciste, on ne pouvait pas y partir, on avait une immense confiance dans la situation française, même ensuite pendant la guerre on n'imaginait pas qu'il puisse y avoir un danger quelconque, le tampon juif sur la carte d'identité n'alarmait pas outre mesure mon père en 1941, on était loin de penser à la déportation on pensait que ça s'arrêterait là, surtout mon père ancien combattant.

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